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7 – A souffert sous Ponce Pilate...


Cette formule du Symbole des Apôtres nous donne deux indications.
 
La première désigne sans doute le paradoxe le plus fort de la foi chrétienne, puisqu’il nous est affirmé que le Verbe Dieu a souffert, comme l’affirmait en 431 le concile d’Éphèse : «l’impassible était en effet dans le corps passible», si bien que, un siècle après, en 553, le deuxième concile de Constantinople approuvait la formule : « l’un de la Trinité a souffert ».
 
La deuxième indication précise la situation historique de cet événement «sous Ponce Pilate». Il s’agit de la seule indication chronologique du Symbole des Apôtres. Elle nous indique non seulement la date de la passion du Christ (du temps de Ponce Pilate), mais aussi elle implique Pilate lui-même qui, même si les évangiles nous racontent qu’il a essayé de sauver Jésus, n’en est pas moins celui qui détenait le pouvoir en Palestine à cette époque, et à qui il faut donc, pour une part, attribuer la responsabilité de la passion du Christ, au moins pour sa lâcheté ou sa compromission avec les autorités autochtones.
 
Le christianisme est la seule religion à mettre en avant la souffrance de son Dieu ou de son Messie. Et pourtant les évangiles nous racontent que cette souffrance avait d’abord été la cause du scandale des premiers chrétiens. Cependant, assez vite, l’expérience que les disciples ont fait de la résurrection du Christ a provoqué chez eux une réflexion sur la passion du Christ : si la résurrection de Jésus confirmait le fait que Jésus était bien le Messie promis aux Juifs, alors se posait la question de ce Dieu qui a permis ou voulu que son Messie subisse la passion. Et en fait, c’est par une méditation sur la passion du Messie que les premiers chrétiens sont arrivés à la conviction que ce Messie n’était pas un autre que le Fils de Dieu lui-même, consubstantiel au Père, comme a commencé à le dire trois siècles plus tard, en 381, le premier concile de Constantinople. Dieu ne faisait pas payer à un autre que lui-même les frais de la rédemption chrétienne.
 
La prise de conscience de la divinité du Christ procède donc d’une prise au sérieux de l’événement de sa souffrance. De cette façon, la souffrance en général est mise au centre de la préoccupation chrétienne. Considérer la souffrance comme un détail de l’histoire revient à perdre l’accès à la divinité du Christ. La foi chrétienne selon laquelle Christ est Seigneur est donc creuse chez ceux qui ignorent ou refusent d’affronter et de soulager la souffrance de leurs frères les hommes, ou bien qui, parce que cela fait toujours désordre dans un ordre social déterminé, cherchent à cacher sous le tapis les souffrances accumulées dans l’histoire de l’humanité. 
 
Oui, la souffrance de Jésus sous Ponce Pilate désigne le chemin de la spiritualité et de l’engagement chrétiens.

 
Père Benoît-Marie

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