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    On peut dire que la grande tradition de l'Eglise, à la lumière de l'Ecriture, a considéré le sacrement de l'Eucharistie comme un sacrement nuptial. A la communion, le Christ-Epoux se donne totalement à son Eglise-Epouse et à chaque âme en particulier ; don total de l'humanité et de la divinité de Jésus qui veut alors être accueilli  dans une âme préparée, vierge tout péché grave.

    Ce Christ glorieux qui à travers sa passion douloureuse nous rejoint et se donne totalement, attend du fidèle, un grand désir,  une donation de soi en retour et cela dans le remerciement de ce grand don.

    L'aspect nuptial du don de Dieu, déjà présent dans l'Ancien Testament (pensons au Cantique des cantiques et au prophète Osée) apparaît de multiples fois dans l'Evangile en commençant par Cana, en passant par Jean le Baptiste ravi de joie d'entendre la voix de l'Epoux, puis par les paraboles, jusqu'à la Croix où près de Marie, Jésus, le nouvel Adam,  est fruit béni qu'il nous faut cueillir. Oui, l'Eucharistie est une invitation à des noces spirituelles.

   Le problème des concubins, divorcés, divorcés-remariés doit aussi se voir dans cette lumière.
Si je reçois Dieu, le Christ Epoux de mon âme, il faut que mon conjoint soit reçu aussi en Dieu. Le sacrement du mariage signifie justement que mon époux(se) doit être accueilli comme don de Dieu. D'un côté, dans la communion eucharistique, je reçois le Christ directement dans le registre de la nuptialité spirituelle, de l'autre, dans le sacrement du mariage, je reçois le Christ par la médiation plus physique mais aussi spirituelle.

   Certes il y a des situations spéciales. Si nous  considérons la situation les divorcés ou séparés (non  remariés), ceux-ci, comme tous pécheurs que nous sommes, pourront, repentant, à travers le sacrement de réconciliation, venir communier au Corps du Christ.

   Pour les divorcés-remariés, la situation est différente puisqu'il y a eu mariage sacramentel (sauf reconnaissance de nullité).  Donc ceux-ci s'interrogeront aussi, comme les autres fidèles, s'ils vivent régulièrement tous les dimanches l'Eucharistie. Sans juger, à cause des empêchements majeurs, notons qu'il y a une distinction  entre ceux qui acceptent régulièrement l'invitation du Seigneur et ceux qui ne l'acceptent pas. Bien souvent les divorcés-remariés  qui vivent régulièrement le rendez-vous de la famille chrétienne, ne sont pas les plus exigeants. Divorcés-mariés, ils savent qu'ils peuvent faire partie de l'Eglise, être présent à l'assemblée, communier spirituellement et le Père spirituel au for interne  sait ce qu'il doit faire s'il y a une demande du sacrement de réconciliation ou entretien spirituel... Il me semble important de distinguer le for interne et le for externe, en maintenant la discipline longuement murie dans l'Eglise.

    D'une certaine façon, il en a toujours été ainsi,  les pasteurs tenant à la fois la vérité de l'indissolubilité et celle de la miséricorde. Le cas par cas doit toujours primer, plutôt que de vouloir à tout prix changer ce que l'on appelle "la discipline de l'Eglise", qui n'est en fait que la vérité de la grande tradition de L'Eglise.

    Les concubins ou divorcés-remariés qui, venant de temps en temps, considèrent comme un droit de communier, obéissant au réflexe de mimétisme ou de consommation, doivent voir en leur conscience, et se reconnaître pécheurs appelés à la conversion... comme tout le monde !

    Le Christ a mis trois ans pour préparer ses disciples à vivre la Sainte Cène. Personne n'est parfait, mais comme dit Saint Paul, que chacun s'éprouve soi-même, si on ne veut pas rendre l'Eglise malade (St Paul Cor, 11/30). Miséricorde pour tous, mais aussi vérité et conversion pour tous.  Il y aurait tellement à dire aussi sur la grandeur du Sacrement du mariage à pleinement valoriser et à respecter.

    On a raison de rappeler les souffrances et les échecs, qu'il faut considérer avec beaucoup de compassion et de miséricorde, mais qui ose souligner, par peur sans doute d'être considéré comme légaliste, ces paroles de l'Evangile, outre celles sur l'indissolubilité, celles-ci assez fortes : "Celui qui répudie sa femme et en épouse une autre a commis un adultère" (St Mc 10/11).  Nous savons la bonté du Christ pour tous les pécheurs, mais pour les inviter à la repentance. Le cas souvent rapporté sur la femme adultère se termine  par :  "Va, désormais, ne pèche plus" (St Jn 8/11), et certainement pas pour encourager et bénir les situation fausses. C'est Jésus lui-même, au dessus de toute loi qui dit au jeune homme d'abord : "Observe les commandements" (St Lc 18/20), pour ensuite l'inviter à le suivre plus loin dans l'Amour. Dans l'invitation de Jésus "Va", il y a tout le processus de la graduation vers la vérité. Avec  beaucoup de douceur et de bonté, les pasteurs doivent comprendre la situation douloureuse d'une victime d'un "lâchage"...Ils peuvent aussi témoigner d'une possibilité d'une vie fidèle et chaste pour l'absolu de la vie eucharistique. N'est-ce pas un des sens profond de la vie consacrée ? Faire la Volonté du Christ manifestée par son Eglise devra rester l'ultime orientation.

   En accentuant ce point crucial de la messe, nous voulons souligner que l'Eucharistie reste le mémorial de la  Passion du Seigneur, et c'est à cela que nous devons tous d'abord communier  spirituellement. Pour la communion sacramentelle, une parabole  montre bien la nécessité de revêtir la robe nuptiale pour venir à la table du Roi. Dans sa nouvelle traduction, l'Eglise donnera  cette injonction juste avant la communion : "Heureux les invités au festin des Noces de l'Agneau" (Ap. 19/9).

   On a écrit : les divorcés-remariés, venant à la messe, souffrent s'ils ne communient pas... La question survient : souffrent-ils parce qu'ils croient à l'Eucharistie ou souffrent-ils de ne pas faire comme tout le monde ? Car il faut bien  reconnaître qu'il y a souvent un mouvement d'ensemble de déplacement qui nous fait craindre à un vrai mimétisme...  Quel pasteur n'a pas constaté en quelque cérémonie d'obsèques  ou de mariage ce fait curieux : soit tout le monde vient, soit personne ne se déplace ! Si le prêtre a un geste tout "a-venant" alors pas de problème...Tout le monde viendra communier. Mais où est le discernement ? On ne doit pas juger les personnes, certes, mais il doit y avoir un nécessaire discernement des consciences. Nous sommes dans une société de consommation où tout le monde est prêt à prendre... L'Evangélisation ne peut se situer à ce niveau.

    Certains diront de ne pas focaliser le sujet sur l'accès des divorcés-remariés à l'Eucharistie, mais plutôt de voir les problèmes plus urgents, l'essentiel étant d'aller vers les pauvres, les petits, les marginaux, ceux qui sont loin. Qui ne voit ces urgences, mais pourquoi avoir une pensée dialectique et opposer comme deux réalités, une Eglise qui serait celle "du culte" et l'autre "de la charité" ? Les Vincent de Paul, Ozanam, Mère Térésa savaient ce qu'il en était d'aller à la source de la Charité. Ils allaient à ce qui, pour le concile, est "la source et le sommet de toute l'Evangélisation : L'Eucharistie", le mystère pascal dignement célébré et reçu bien préparé dans la communion.  C'est le dynamisme pour aller vers les autres. Jésus-Hostie, le plus petit est souvent bien délaissé et non respecté, tout simplement pris comme une simple nourriture.

    A la suite de notre Pape, nous avons raison de souligner que l'Eglise est comme un hôpital de campagne accueillant les blessés de la vie. Cependant a-t-on le droit de rajouter qu'Elle n'est pas un supermarché du religieux dont on a droit de se servir de temps en temps ?

   Sur le sujet des divorcés-remariés, humblement, je me coule volontiers dans la position de Jean-Paul II et de Benoît XVI.  Leur magistère me parait solide et argumenté sur la question. Il me semble qu'il y aura une continuité avec François, même si les choses seront dites autrement. Le Bienheureux Paul VI, à propos de la contraception,  avait aussi beaucoup consulté et seul, en son âme et conscience, avait pris une position inverse de cette majorité consultée... Il nous a rappelé que la majorité des opinions (sauf en concile, les décrets étant ratifiés par le Pape) ne donne pas nécessairement la position  du magistère. Nous prions tous pour le prochain synode afin d'aider le Saint Père, sur cette grave question.
                                                                                                     
Père Jacques.