Durant ces cinq semaines de Carême, nous avons consenti beaucoup d’efforts, comme tous les chrétiens du monde entier, pour nous rapprocher de Dieu, de nos frères et de la création. Nous avons cherché à retrouver le sens plénier de notre existence profitant sciemment de ce temps privilégié pour opérer une profonde conversion dans notre mode de vie au sein de la création, pour reconnaître notre fragilité - nous ouvrir à la transcendance - à l’éternité bienheureuse et nous laisser transformer par l'action de l'Esprit Saint… Il s’agit là d’un itinéraire spirituel, à qui veut l’entendre, susceptible de nous préparer résolument à la célébration de la fête de Pâques, disons mieux, à faire notre pâque.
Sur ce, « faire notre pâque » ne rime pas seulement avec la reprise d’un rite traditionnel, c’est surtout renouveler notre foi, notre confiance en Dieu, c’est témoigner de notre espérance, c’est vibrer de joie au rythme du mystère de la Résurrection. Ce mystère que beaucoup ont toujours soupçonné et repoussé, nombreux aussi sont ceux qui, avant nous, s’en imprégnaient et en témoignaient au péril de leur vie. Marie-Madeleine, Pierre et Jean s’étonnaient de trouver vide le tombeau de leur maître. Et de la pensée de l’enlèvement du corps, Jean pénétré de l’enseignement de Jésus conclut à la Résurrection : « il vit et il crut » (Jn 20, 1-18). Cette foi comme un feu embrasait la première communauté chrétienne qui proclamait le nom du Christ Ressuscité avec une grande ferveur.
Le signe mystérieux du tombeau vide a déjà traversé et traversera des générations de croyants pour dire qu’au-delà de la croix la mission de Christ glorifié se poursuivra. Ainsi, les forces du bien renverseront toujours celles du mal, la justice déchantera l’injustice, la grâce surclassera le péché, l’amour vaincra la haine, l’espérance en un avenir meilleur supplantera le désespoir et la fatalité. Aujourd’hui plus que jamais, en cette période de crise sanitaire, il faut plus amplement des hommes et des femmes, des adultes et des jeunes qui, pétris de l’amour du Christ, osent encore parler de la Résurrection, parler du tombeau vide. Choisir d’en parler, c’est défier tout projet de déshumanisation, c’est prendre parti pour Dieu lui-même qui en Jésus réhabilite l’être humain dans sa beauté de créature. Faisons notre pâque en cherchant à être chaque jour comme Marie-Madeleine, Pierre et Jean des témoins de cette Lumière qui éclaire le tréfonds de notre cœur et nous dynamise vers les choses du ciel.
Bien fraternellement,
Père Pierre-Marie Belledent